« Des temps en poussière » est la première œuvre romanesque du plasticien et journaliste Nasser Araq. Elle commence par une tragédie. En effet, l’œuvre s’ouvre sur la chute de la statue du leader communiste Lénine en Europe de l’Est. Cette chute affecte les sentiments des petites gens dans le tiers-monde. On sent également la chute du personnage d’Abdel-Aziz, qui est le père du héros du roman. L’œuvre se clôt par une chute humaine : Soha perd toute valeur aux yeux de Khaled, alors qu’elle contrôlait son cœur et son esprit. L’œuvre tourne autour de deux chutes : la chute des idéologies des petites gens ainsi que celle de la génération des années 80. Cette génération que nul n’a aidé à déterminer ses caractéristiques et ses valeurs, ni même ses talents. D’ailleurs, cette génération est venue après la pauvreté créative de la génération des années 70. En effet, tout manquait : la liberté, la présence et la publication. Lorsqu’il y a eu une lueur d’espoir, la génération des années 70 a pris sa place, puis ce fut au tour de la génération des années 90. Cette dernière se caractérise par son audace ainsi que sa capacité à démolir les idées rigides, même si ses outils sont encore incomplets. Ainsi, une nouvelle génération s’est-elle imposée par son audace et par le soutien des aînés.
Je considère que ce roman est une tentative de la génération des années 80 de se redécouvrir à nouveau dans l’art romanesque. L’œuvre comprend tous les éléments de la réussite. D’ailleurs, Nasser Araq parvient à tracer avec minutie ses personnages au point que l’on peut revoir la personnalité de Khaled Abdel-Aziz dans plusieurs personnes de cette génération. La chute de la statue de Lénine est la chute de plusieurs générations à la fois celle du père Abdel-Aziz et celle du fils Khaled. Ce dernier avait d’ailleurs anticipé cette chute.
A suivre